S’il y a bien un invité que l’on souhaite s’éviter lorsque l’on possède un piano, ce sont ces petits rongeurs… Voici un article sur une prestation de restauration effectuée suite aux multiples dégâts causés par des souris ayant élu domicile dans un piano droit.
Un peu de zoologie tout d’abord. Nos chers rongeurs, ordre de la famille des mammifères, ont la caractéristique principale de disposer d’une paire d’incisive sur chacune de leur mâchoire, dont la croissance est perpétuelle ! Aussi c’est en rongeant la plupart de leur temps, et donc en usant leurs dents de manière continue, qu’ils leur évitent de ne trop croître, les aiguisant redoutablement au passage.
Après une période de stockage de son instrument dans un emplacement où des souris avaient malencontreusement élu domicile, la propriétaire du piano constate rapidement l’apparition de nombreuses pannes sur son instrument. Une fois le problème d’installation des souris durablement traité, c’est le moment de faire un état des lieux sur l’état intérieur du piano…
C’est sur la partie mécanique que ces rongeurs font le plus de dégâts. Plusieurs pièces de tissus, de feutres et de bois auront été détériorées, partiellement ou entièrement. Le fonctionnement mécanique n’est plus assuré de façon homogène. On remarque que les dégâts sont plus ou moins importants sur toute la tessiture du piano : Les zones où les souris on plus d’espace pour passer, c’est à dire entre chaque travée de la mécanique, sont plus sujettes aux détériorations. Plusieurs éléments ont été impactés :
Les lanières :
Les lanières sont des sangles de tissus qui solidarisent deux organes de mécanique entre eux (le marteau et le chevalet). Visiblement, c’est ici un met de choix pour nos rongeurs, c’est cet élément qui aura été le plus attaqué. Étant donné la faible part de lanières intactes, et du fait que cet élément soit placé tout au devant de la mécanique et donc très visible, le changement complet des 88 lanières est préconisé, cela permettra de retrouver un rendu esthétique homogène.
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Les attaches de ressorts de rappel :
Il s’agit d’un petit lien en fil qui retient un ressort à l’arrière du marteau. Cette pièce tient un rôle important sur la fonctionnalité mécanique de l’instrument. Moins de pièces ont été détériorées que pour les lanières, seuls les éléments détériorés peuvent être restaurés sans que cela ne soit gênant mécaniquement ou esthétiquement, cette partie se trouvant visuellement cachée sur la mécanique.
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Plusieurs feutres du clavier :
Sur la partie clavier, sous les touches, là ou les souris trouvaient suffisamment de place pour passer, plusieurs pièces de feutres ont disparues (les mouches d’enfoncement). Ici ont les remplacera par un modèle équivalent au modèle d’origine qui est installé sur le reste du clavier, sans tout remplacer.
De multiples pièces de bois :
Sur toute la mécanique, et même à quelques endroits du meuble, du bois a été rongé. Pour autant, aucune des détériorations sur le bois n’entraîne de panne particulière. Bien que certaines pièces aient été déformées, avec un retrait de matière non négligeable, elles conservent toute leur fonction mécanique. Aussi, nous faisons le choix de ne pas restaurer ces éléments, ces stigmates resteront comme un mauvais souvenir de ce triste épisode pour le piano.
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Le nettoyage :
Au delà des détériorations de pièces, s’ajoute la dispersion des résidus multiples causée par nos gênant invités… Un travail de nettoyage intérieur complet est nécessaire pour débarrasser des éléments divers et déjections et pour assainir l’instrument. Pour aller plus loin et pérenniser la bonne fonctionnalité de l’instrument, un travail de lubrification des éléments clés dans la mobilité de la mécanique est engagé. Il permet de prévenir tout problème de corrosion consécutif aux déjections des rongeurs. De plus, il est nécessaire de traiter plusieurs zones du cadre présentant une corrosion de surface consécutive à ces déjections.
Nos dérangeants invités prévoyaient de s’installer durablement dans ce confortable piano. Les résidus multiples de feutres et tissus, avaient servis à la confection de grosses masses de chaque coté du clavier, sous les blocs de bois. Sans doute un duvet tout confort pour préparer l’hiver… De plus, plusieurs croquettes du chien du propriétaire y ont été retrouvées. Elles ont été acheminées jusque ici (à travers toute la maison), et consignées en garde-manger. Cela laisse imaginer que le piano et tout ses éléments de matières textiles diverses constituait pour ces dames un environnement idéal pour nicher sur le long terme… Preuve s’il en fallait, que ces rongeurs doivent définitivement être tenus à l’écart des pianos !
Tout se termine bien dans cette histoire. Une fois les éléments restaurés, le piano recouvre ses fonctionnalités mécaniques. Ces restaurations sont complétées d’un travail de réglage complet afin de retrouver une bonne homogénéité dans la réponse mécanique de l’instrument, et offrir une jouabilité optimale sous les doigts. Les croquettes n’auront pas été rendues au chien car trop anciennes, mais celui-ci aura gagné un nouvel ami, puisqu’un chat intègre le foyer ! Cela devrait éloigner tout risque de récidive pour nos chères souricettes !
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